Le lundi
Le soleil brille, les oiseaux ne font pas cui-cui... à Paris, ça n'arrive jamais !
Les débuts de semaine, c'est toujours la folie. Mais alors cette semaine... je dois vider intégralement mon bureau, mon salon, ma salle-à-manger et l'entrée parce que la semaine prochaine, je fais enlever la moquette et poncer le parquet. Au secours la poussière m'a-t-on répété.
Vider mon bureau, je le prends comme une aubaine. Il n'a pas été trié
depuis la nuit des temps et j'ai hâte parce que je sais que je vais y
trouver des centaines de petits souvenirs, crayonnés, babioles de tant
d'époques lointaines. Des vieilles photos de mon frêre et moi. De mes
filles bébés.
Des bouts de ficelles entortillés. La première dent de lait de mon chien. Un vieux cahier d'école...
Et puis, quand on remettra les meubles, je changerai tout de place.
Ne serait-ce que pour faire un coin à mon chevalet et à mes tubes de
peinture, mes pinceaux, mon tablier maculé de couleurs qui n'a pas vu
le jour depuis si longtemps. Saurai-je trouver en moi la ressource
nécessaire pour arriver à sortir quelque chose ?
Aurai-je le courage d'aller gratter au fond de moi pour en sortir des émotions ?
Mais l'envie de couleurs est forte, plus que forte d'ailleurs, elle me taraude. Je les sens présentes quelque part, confinées dans un recoin de moi... et les formes, je les sais déjà. Elles sont derrière mes yeux et ne demandent qu'à les percer pour se coucher sur la toile.
Tout chambouler pour un nouveau départ.
Puis tout ranger pour ouvrir mes rêves.