Le jour "J"
8h15, je suis partie à l'école avec mes poupettes, chacune pendue à un de mes bras.
On
a marché pas trop vite pour savourer nos dernières
minutes avant la séparation. Je me suis dit qu'Emilie était drôlement
grande du haut de ses presque 7 ans. Et que Chloé était
vraiment très petite perchée sur ses minies jambes de 3 ans.
On n'a pas beaucoup parlé.
Pourtant d'habitude, elles jacassent comme des pies et ne s'arrêtent jamais !
Nous sommes arrivées à l'école. La cohue des grands à l'entrée.
J'ai
poussé Emilie dans la cour en lui disant "vas-y ! vas-y !" alors que
dans ma tête (et surtout dans mon coeur) j'entendais "mais comment je
pourrai la laisser aller dans ce méli mélo d'enfants, reviens voir
maman...". J'ai senti Chloé se coller très fort contre moi et monter
son inquiétude.
J'ai attrapé Emilie, je lui ai collé un gros bisou
sur la joue, elle a juste entendu comme dans un dernier souffle
"je viendrai te chercher tout à l'heure" et elle a disparu.
La petite lêvre de Chloé s'est mise à trembloter. Je l'ai fermement prise par la main et je l'ai enmenée dans sa classe.
Je m'attendais à une explosion de larmes, mais je suis restée ferme
dans ma voix et dans mes gestes. Je lui ai dit une dernière fois en la
poussant délicatement dans la classe "je serai là à 11h30, va jouer."
Et elle est partie jouer. Elle m'a dit "salut".
Elle n'a pas pleuré.
Moi non plus.
En sortant de l'école, j'ai retrouvé une maman qui y mettais sa fille pour la première fois aussi. Pareil que moi, tout s'était merveilleusement passé. On a fait un petit bout de trajet ensemble en ayant un sourire béa de soulagement.
Il me tarde d'être tout à l'heure et de les retrouver. Avoir leurs impressions avec leurs mots d'enfants.
La
grande va raler. Elle aime bien raler. Mais je verrai tout de suite
dans ses yeux si elle est contente ou pas, je la connais si bien.
La
petite ? Et bien la petite, je ne sais pas. Je connais mon bébé par
coeur mais pas encore la grande fille qu'elle va devenir...